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Ce sol ingrat à défricher,
L’as-tu bien su dompter par force ?
As-tu tiré l’or du rocher,
Cherché la moelle sous l’écorce ?
Combien de fois ne vis-tu pas
Quand la mollesse négligente
Te berçait, couché dans ses bras,
Combien de fois ne vis-tu pas,
L’occasion, belle, engageante,
Passer et fuir comme le vent.
Sans que ta main, se soulevant,
Retînt sa robe voltigeante ?
Combien de fruits, que le plaisir
Présentait mûrs à ton désir,
L’opinion, spectre farouche,
D’un regard te venant transir,
A-t-elle arrachés de ta bouche
Qui s’entr’ouvrait pour les saisir ?
Devant cette ombre méprisée,
Objet de ta propre risée,
Te verra-t-on toujours rougir ?
Indépendant par la pensée,
Ne peux-tu l’être pour agir ?
Ton but toujours, dès ton enfance,
Fut trop vague ou trop haut placé ;
Mais tu connais ton impuissance,
Et le roc où tu t’es froissé ;
De la muraille qui t’enferme
Ne cherche plus à fuir encor ;
Borne tes vœux, fixe leur terme,