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Mais l’amour sombre, ardent, timide,
L’amour stérile d’Ixion,
Entre ses bras pressant le vide
Et n’étreignant que l’aquilon.
J’étais né pour l’indépendance ; —
Et, pesant sur ma volonté,
L’implacable nécessité
M’a foulé, dès ma tendre enfance.
Pour la nature et ses beautés
Mon cœur brûlait d’une amour pure,
Et, toujours loin de la nature,
J’ai dû languir dans les cités.
Je chérissais la solitude,
Les plaisirs simples du foyer,
Les entretiens, où, sans étude,
Aux doux rayons de l’habitude
L’esprit nu peut se déployer ;
Et comme un gland qui tombe, et roule
Sur le sein d’un lac agité,
Les vents du ciel m’ont emporté
Parmi les vagues de la foule,
Au sein d’un monde éblouissant,
Où les plaisirs sont des tempêtes,
Où la pensée au bruit des fêtes
Fuit et s’envole en gémissant ;
Où des êtres nés pour s’entendre,
Qui pour s’aimer, pour se comprendre,
N’auraient besoin que d’un regard,
Passent, s’effleurent au hasard,
Comme sur mer, par un temps sombre,