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Des projets morts avant de naître ;
De vains pensers, sans souvenir ;
Des vœux semés sur un peut-être.
Qui, loin volant dans l’avenir,
N’ont pas trouvé terre où fleurir ;
Des maux cruels, mais dans l’enfance,
Quand, trop jeune pour les sentir,
Je n’en pouvais faire sortir
Le fruit d’or de l’expérience ;
Depuis, des maux sans violence,
Ombres sans nom, spectres sans corps,
Épuisant l’âme en vains efforts ;
Des maux d’un jour, faibles sans doute,
Mais qui vous minent goutte à goutte,
Comme l’eau creuse le rocher,
Et font du sort un lit d’ortie,
D’où l’homme, en proie à l’apathie,
Ne sait plus même s’arracher.
J’eus des amis ; — mais, ou l’absence
Vint glacer notre jeune ardeur,
Ou, plus souvent, leur ignorance
N’a qu’à moitié compris mon cœur.
J’ai connu l’amour ; — mais sa flamme,
Comme un éclair qui brille et fuit,
Un moment n’effleura mon âme
Que pour en épaissir la nuit.
Je n’ai jamais senti le charme
De cet amour tranquille, heureux,
Goûtant sans trouble et sans alarme
Tout ce qu’ont pu rêver ses vœux ;