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Poussée par une brise caressante vers des royaumes merveilleux ;
Ce que Psyché éprouva, ainsi que l’Amour, lorsque leurs pleines lèvres
Se rencontrèrent pour la première fois ; de quelles amoureuses et folles morsures
Ils se meurtrirent les joues ; et leurs innombrables soupirs,
Et comment ils baisèrent leurs yeux frémissants :
La lampe d’argent — le ravissement — la surprise —
L’obscurité — la solitude — le redoutable tonnerre ;
Leurs épreuves terminées, et l’envolée aux cieux
Où ils s’inclinèrent reconnaissants devant le trône de Jupiter.
C’est ce que sentit celui qui écarta les ramures
Pour nous permettre de sonder la vaste forêt.
D’entrevoir les Faunes et les Dryades
Venant avec le plus doux bruissement au milieu des arbres ;
Et des guirlandes tressées de fleurs sauvages et délicates.
Soulevées par les poignets ivoirins ou les pieds agiles :
Il disait comment la belle, la tremblante Syrinx échappa
Au Pan Arcadien, eu une mortelle épouvante.
Pauvre Nymphe — pauvre Pan — comment il pleura de ne retrouver
Que l’adorable soupir du vent
Dans les roseaux de la rivière ! murmure à peine entendu,
Plein de douce désolation — douleur embaumée.