Page:Keats - Poèmes et Poésies, trad. Gallimard, 1910.djvu/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

SUR LES MARBRES D’ELGIN

Mon esprit est trop faible ; la hantise de la mort
Pèse lourdement sur moi comme un invincible sommeil,
Et tout pinacle que j’imagine, tout abîme
De divine souffrance me dit que je dois mourir,
Tel un aigle blessé qui regarde le ciel.
Cependant c’est une exquise jouissance de pleurer
De ce que je n’ai pas les vents des nuées à maintenir
Frais pour les yeux qui s’ouvrent au matin.
De telles gloires vaguement conçues dans le cerveau
Font affluer au cœur une ineffable haine.
Ainsi causent une vertigineuse souffrance ces merveilles
Dans lesquelles on trouve mélangée la grandeur Grecque avec la rude
Destruction du vieux Temps — avec une masse agitée
Un soleil, une ombre d’une magnitude.

1817.