Page:Keats - Poèmes et Poésies, trad. Gallimard, 1910.djvu/9

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Ceci n’est pas une Préface, ni même une Introduction, mais plutôt l’ouverture d’un vaste Poème symphonique, composé de nombreux morceaux distincts les uns des autres, présentant toutefois un ensemble très cohérent. Celui qui l’écrit n’a d’autres prétentions que de grouper les principales mélodies de ce Poème, et de les coordonner de façon à en démontrer l’idée générale, à en prouver l’unité. Il a cherché à disparaître le plus possible, à rendre aussi ténus et aussi inapercevables que possible, les liens qui rattachent entre eux ces leitmotiv, mais il n’a pas osé, et il s’en excuse, les supprimer complètement, craignant que, sans ces modulations transitoires les changements de tons ne parussent trop brusques[1]. Le thème principal, celui vers lequel convergent tous les autres, c’est la personnalité du Poète, ou plutôt sa sensibilité ; car leur union était tellement intime qu’elles ne faisaient qu’un tout harmonieux.

Or, cette sensibilité a peu varié : Keats a pro-

  1. Il prépare en ce moment une étude beaucoup plus développée sur le génie de Keats et sur le mouvement littéraire de l’Angleterre entra 1800 et 1820.