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SONNET

Après que de sombres vapeurs ont pesé sur nos montagnes
Pendant une longue et triste saison, survient un jour
Enfant, de l’aimable Sud, qui purge
Les cieux malades de toutes malsaines souillures.
Le mois anxieux, délivré de ses tourments,
Prend comme un droit longtemps perdu le contact de Mai,
Les paupières se jouent avec la fraîcheur qui passe,
Comme les feuilles de rose avec les gouttes des pluies d’été.
Les pensées les plus calmes flottent autour de nous : — les feuilles
Qui bourgeonnent — le fruit mûrissant dans le silence — les soleils d’automne Souriant le soir sur les paisibles javelles —
La joue duvetée de Sappho — la respiration d’un enfant endormi —
Le sable qui parcourt grain par grain une horloge —
Un ruisselet sous bois — une mort de Poète.

Janvier 1817.