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SUR LA SAUTERELLE ET LE GRILLON

La poésie de la terre ne meurt jamais :
Quand tous les oiseaux abattus par la chaleur du soleil
Se cachent sous la fraîcheur des arbres, une voix courra
De haie en haie le long des prés nouvellement fauchés ;
C’est celle de la Sauterelle — qui conduit le concert
Dans la volupté de l’été ; inépuisables
Sont ses délices ; et lorsqu’elle est lassée de ses jeux
Elle se repose à l'aise, abritée sous quelque roseau hospitalier.
La poésie de la terre ne cesse jamais :
Par une solitaire soirée hivernale, quand la gelée
À imposé un silence général, dans l’âtre grince
Le cri du Grillon, dont la chaleur augmente l’acuité ;
Il semble au dormeur à moitié assoupi
La voix de la Sauterelle parmi les collines herbues

30 décembre 1816.