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ADRESSÉ À HAYDON

De grands esprits habitent en ce moment sur terre ;
Celui du nuage, de la cataracte, du lac,
Qui sur le sommet d’Helvellyn, les yeux ouverts,
Reçoit sa fraîcheur des ailes de l’Archange :
Celui de la rose, de la violette, du printemps,
Du sourire social, du lien pour le salut de la Liberté :
Et là ! — de celui dont la fermeté jamais ne devrait prendre
Un son plus humble que le chuchotement de Raphaël.
D’autres esprits se tiennent ici à l’écart
Sur le seuil de l’âge qui vient ;
Ceux-là, ceux-là donneront au monde un autre cœur
Et d’autres pulsations. N’entends-lu pas le ahan
De puissants travaux dans les humaines entreprises ?
Écoutez un instant, nations, et soyez muettes !

30 novembre 1816.