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POÈMES ET POÉSIES


SONNET

Pour celui qui a longtemps été parqué dans la ville,
Quelle joie de promener ses regarda sur la sereine
Et libre étendue du ciel, — d’exhaler une prière
Sous le plein sourire du firmament azuré !
Qui peut être plus heureux que lui, lorsque d’un cœur satisfait
Il enfonce ses membres lassés dans quelque moelloux lapis
D’herbe drue, et lit une débonnaire
Et poétique histoire d’amour et de langueur ?
Quand il rentre chez lui, le soir, son oreille
Perçoit les plaintes de Philomèle, ses yeux
Surveillent la brillante course des nuées qui voguent dans l’espace ;
Il se lamente de ce que ce jour se soit si vite écoulé :
Comme la chute d’une larme d’ange
Qui tombe dans le lumineux éther, silencieusement.

1810.