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À MES FRÈRES

De petites flammes agitées traversent le charbon dont on vient d’emplir l’âtre,
Et leur léger pétillement se fait entendre au milieu de notre solitude,
Tels des chuchotements de dieux familiers qui gardent
Un affectueux empire sur nos fraternelles âmes.
Et pendant qu’à la recherche de rimes je voyage jusqu’aux pôles,
Vos regards sont fixés, comme en un sommeil poétique,
Sur la légende si abondante et si profonde
Qui toujours, à la tombée de la nuit, apaise nos soucis.
C’est votre jour de naissance, Tom, et je me réjouis
Qu’il se passe ainsi en une reposante quiétude.
Bien des veillées semblables de doux chuchotement
Puissions-nous passer ensemble, et ressentir dans le calme
Ce que sont les vraies joies d’ici-bas — avant que la grande voix
De la céleste bouche, ordonne à nos esprits de prendre notre vol.

18 novembre 1816.