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SONNET

Combien de bardes dorent le cours du temps !
Quelques-uns d’entre eux furent toujours la nourriture
De mon imagination charmée — Je pouvais longuement méditer
Sur leurs beautés, terrestres ou célestes :
Et souvent, lorsque je m’asseois pour rimer,
Elles font en foule irruption dans mon cerveau :
Mais ni confusion, ni trouble grossier
Elles n’apportent ; c’est un harmonieux accord.
Ainsi les innombrables sonorités qui sont l’apanage du soir ;
Les chants des oiseaux — le bruissement des feuilles —
La voix des eaux — la grande cloche qui se balance
En résonnant solennellement — et des milliers d’autres encore,
Que la distance empêche de reconnaître,
Forment non un vacarme incohérent, mais une délicieuse symphonie.

Avril 1816.