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Dont les soyeuses nageoires et les légères écailles d’or
Dardaient au-dessus de lui, à travers les ondes, un rayon vermeil ;
Là le cygne voyait la courbe neigeuse de son cou
Et majestueusement se promenait en ramant ;
Ses yeux de jais étincelaient ; ses pattes se montraient
Sous les vagues, semblables à l’ébène d’Afrique,
Et sur son dos une fée reposait voluptueusement.

III

Ah ! comment décrire les enchantements d’une île
Placée au centre de ce merveilleux lac ;
Je pourrais plutôt distraire Didon de sa douleur,
Ou chasser du vieux Lear son amère tristesse :
Certes on ne vit jamais plus admirable site
Parmi tous ceux qui charmèrent les yeux romantiques ;
L’île semblait une émeraude scintillant dans l’argent
Des eaux éblouissantes ; de même au plus haut de l’éther,
Transperçant les nuées d’un blanc floconneux, rit le ciel céruléen.

IV

Tout autour, le lac baignait luxurieusement
Des pentes de verdure à travers ses vagues miroitantes,