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Frais comme une source bouillonnante ; que les coquilles aux bords décolorés,
Sur le sable, ou sous les insondables profondeurs deviennent pourpres
Dans tous leurs circuits ; que la vierge
Rougisse vivement, comme surprise par quelque ardent baiser !
Ile, la plus belle des Cyclades aux berceaux feuillus,
Réjouis-toi, Délos, de tes oliviers verts,
De tes peupliers, de tes palmiers ombrageant les clairières, de tes hêtres,
Dans lesquels le zéphyr souffle ses chants les plus sonores,
De tes touffus coudriers aux tiges brunes, vivant sous l’ombre :
Apollon, une fois de plus est le thème doré !
Où était-il, lorsque le Géant du Soleil
Se tenait resplendissant au milieu de ses pairs affligés ?
Il avait laissé ensemble sa majestueuse mère
Et sa sœur jumelle sommeillant sous leur bosquet ;
A travers la lueur indécise du matin, il vagabondait
Parmi les oseraies d’un ruisseau,
Enfoncé jusqu'à la cheville dans les lys du vallon.
Le rossignol s’était lu ; quelques rares étoiles
S’attardaient aux cieux et la grive
Cessait de chanter. Dans toute l’île
Il n’y avait ni fourré ni caverne
Où ne retentît le bruit crépitant des vagues