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LIVRE III

C'est ainsi que tour à tour tumultueux puis anéantis par le découragement
Ces Titans étaient plongés dans la consternation la plus absolue.
O laisse-les, Muse ! O laisse-les à leur malheur !
Car tu n’as pas assez de vigueur pour chanter de tels conflits.
Une douleur solitaire convient mieux
A tes lèvres, un hymne à la désespérance d’un seul.
Laisse-les, ô Muse ! Tu trouveras bientôt
Plus d’une ancienne Divinité tombée
Errant à l’aventure sur des rivages inconnus.
En attendant, touche pieusement la harpe de Delphes,
Et aucune autre qu’une brise céleste n’exhalera,
Pour l'accompagner, un doux gazouillement à travers la flûte Dorienne ;
Car Io ! c’est en l’honneur du père de tous les vers.
Nuance tout ce qui a une teinte vermillon
Que la rose s’épanouisse et réchauffe l’atmosphère ;
Que les nuées du soir et du matin
Flottent comme de voluptueuses toisons au-dessus des coteaux ;
Que le vin écarlate écume dans le gobelet