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« Maintenant que vous voilà flammes, je vous dirai comment il faut brûler,
Et purger l'éther de vos ennemis ;
Comment aiguiser les dards crochus de l’impitoyable feu,
Comment incendier les nuages gonflés de Jupiter,
Etouffant dans sa tente cette chétive essence.
Oh ! qu’il soit victime du mal qu’il a fait !
Car bien que je dédaigne les leçons d’Océanus
Je ressens des douleurs autrement poignantes que celle de perdre nos couronnes :
Les jours de paix et de calme sommeil sont envolés ;
Ces jours, tous innocents des guerres destructives,
Alors que toutes les loyales Existences du ciel
Ouvraient les yeux pour deviner ce que nous voulions dire :
C’était avant que nos fronts eussent appris à se plisser,
Avant que nos lèvres n’eussent connu que des phrases solennelles,
Avant que nous eussions appris que celle chose ailée,
La victoire, peut être perdue, aussi bien que gagnée.
Surtout n’oubliez pas qu’Hypérion
Notre frère le plus brillant est encore invaincu —
Hypérion — Io ! Voici son rayonnement ! »

Tous les yeux étaient tournés vers Encelade,
Et ils aperçurent, à l'instant où le nom d’Hypérion
Sortit de ses lèvres, sur la crête des rochers en coupole,
Une lueur blafarde émanant de son visage rigide,