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Avec un tel rayonnement de beauté dans les yeux
Que cela me força de dire un triste adieu
A mon empire : de tristes adieux je reçus,
Et vins ici pour apprendre quelle douloureuse destinée
Vous avait torturés, et comment je pourrais le mieux
Vous consoler dans ce malheur extrême.
Acceptez la vérité, et qu’elle soit votre baume. »
Fut-ce par conviction embarrassée, fut-ce par dédain.
Qu’ils gardèrent le silence, lorsque Océanus
Cessa son murmure, quelle sagacité très profonde le dira ?
Mais il en fut ainsi ; personne ne répondit pendant un certain temps.
Sauf une, dont personne ne s’occupait, Clymène ;
Et encore ne répondit-elle pas, mais geignit seulement,
Les lèvres hectiques, les yeux humbles, levés,
S’exprimant avec timidité devant ce farouche auditoire :
« O Père, je suis ici la voix la plus naïve,
Et tout ce que je sais c’est que la joie a fui
Et que la pensée du malheur a envahi nos cœurs,
Pour y demeurer à jamais, comme je le redoute :
Je ne présagerais pas de danger, si je croyais
Qu’une créature aussi débile pût attirer l’aide
Qui devrait, en bonne justice, nous venir des Dieux puissants :
Laissez-moi, toutefois, dire mon chagrin, dire
Ce que j’ai entendu, et comment cela fit couler mes larmes
D'apprendre que tout espoir nous était interdit.