Page:Keats - Poèmes et Poésies, trad. Gallimard, 1910.djvu/354

Cette page n’a pas encore été corrigée

  
Mûrissait intérieurement. L’heure de la maturité arriva,
Et avec elle la lumière, et la lumière, s’engendrant
En se produisant elle-même, spontanément transforma
L'énorme ensemble de la matière pour lui insuffler la vie.
C'est à cette heure précisément que notre parenté,
Les Cieux et la Terre, devint manifeste :
A cette phase, toi le premier né, et nous la race géante,
Nous nous trouvâmes à la tête d’empires nouveaux et magnifiques.
Maintenant, voilà la vérité pénible à ceux pour lesquels elle est pénible ;
O folie ! car de supporter les vérités sans voiles,
Et d’envisager les circonstances, en gardant son sang-froid,
N’est-ce pas le summum de la toute puissance. Notez le bien !
De même que le Ciel et la Terre sont plus beaux, beaucoup plus beaux
Que le Chaos et les Ténèbres vides, quoique rois autrefois ;
Et de même que nous montrons supérieurs à eux, le Ciel et la Terre,
Par la forme, la cohésion et la beauté,
Par la volonté, la liberté, la fraternité,
Et par des milliers d’autres signes d’une vie plus pure ;
De même sur nos talons marche une perfection nouvelle,
Un pouvoir d’une beauté plus mâle, né de nous
Et destiné à nous surpasser, autant que nous surpassons