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« O vous, que la rage consume ! que la passion aiguillonne,
Que la défaite torture, et qui vous repaissez de vos agonies !
Calmez vos sens, bouchez vos oreilles,
Ma voix n’est pas un rugissement vers la colère.
Cependant, écoutez, vous qui le voulez, pendant que j’apporte la preuve
Que vous devez, de force, vous contenter de vous soumettre.
A cette preuve, d’ailleurs, j’ajouterai une immense consolation,
Si vous consentez à accepter celle consolation comme véritable.
Nous sommes vaincus par les lois de la nature, non par la force
Du tonnerre ou de Jupiter. Grand Saturne, tu
As bien analysé les atomes de l’univers ;
Mais, pour cette raison, que tu es le Roi,
Et aveuglé par l’autorité suprême,,
Une route était cachée à tes yeux,
Par laquelle je suis parvenu à l'éternelle vérité.
En premier lieu, de même que tu ne fus pas le premier souverain,
De même tu n’es pas le dernier ; cela ne peut être :
Tu n’es ni le commencement ni la fin.
Du chaos et des ténèbres, ses sœurs, naquit
La lumière, le premier fruit de ces brouilles intestines.
Ce ferment infectieux, qui pour des fins sublimes