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Vous fléchiriez devant une puissance, qui, en comparaison
Ne doit pas vous faire trembler. Cependant, vous en êtes là !
Abattus, méprisés, écrasés, voilà ce que vous êtes !
O Titans, vous dirai-je « Levez-vous ? » — Vous gémissez.
Vous dirai-je « Rampez. » — Vous gémissez. Que puis-je alors ?
O vaste Ciel ! O cher parent que je ne vois pas !
Que puis-je ? Dites-moi, vous tous, Dieux, mes frères,
Comment pouvons-nous combattre, comment assouvir notre grande colère !
O donnez-nous un conseil maintenant, l'oreille de Saturne
Est avide de l’entendre. Toi, Océanus,
Tes pensées sont hautes et profondes ; et sur ta face
Je lis, étonné, ce sévère contentement
Qui naît de la réflexion et de la pensée : viens à notre aide ! »

Ainsi termina Saturne, et le Dieu de la Mer
Sophiste et sage, non qu’il eût fréquenté les bosquets d’Athènes,
Mais parce qu’il avait médité sous l'ombre de ses eaux,
Se leva. Ses cheveux n’étaient plus humides. Il débuta
D'une voix murmurante ; sa langue à son premier essai
Etait comme celle d’un enfant, embarrassée, de plus, par l'écume des sables.