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Découvrit ses joues pâles et son front blême,
Ses sourcils maigres et hérissés, et ses yeux caves.
Un grondement surgit parmi les pins qui ont poussé sous le vent glacé
Lorsque l’Hiver élève la voix ; un vacarme surgit
Parmi les immortels lorsqu’un Dieu fait du doigt un geste
Qui impose le silence, et exprime combien est chargée
Sa langue de tout le poids de pensées inexprimables :
La foudre, la musique et la majesté,
C’est un ronflement semblable à celui de pins qui ont poussé sous le vent glacé ;
Quand il cesse dans les montagnes de ce monde,
On n’entend aucun autre bruit ; mais lorsqu’il cessa ici
Parmi ces déchus, la voix de Saturne dans ce silence
S’enfla comme un orgue, qui recommence
A tonner, quand les autres harmonies, arrêtées net,
Laissent dans l’air, étouffées, leurs vibrations argentines.
Il éclata en ces termes « Ce n’est pas dans mon propre cœur brisé,
Qui est à lui-même son juge suprême et son enquêteur,
Que je peux trouver des raisons pour que vous soyiez ainsi :
Ce n’est pas dans les légendes du tout premier jour
Recueillies dans ce livre aux feuillets imprégnés de l’esprit antique,
Que l'étincelant Uranus de son doigt glorieux
Sauva des rivages ténébreux, lorsque les vagues