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Emprisonnés dans un élément opaque, de façon à contraindre
Les dents serrées à rester toujours serrées, et tous leurs membres
Encerclés comme des faisceaux de métal, tenaillés et vissés ;
Sans autre mouvement que la palpitation de leurs grands cœurs
Haletants dans la douleur, horriblement convulsés
Par la fièvre de leur sang en ébullition et les secousses de leurs pouls.
Mnémosyne menait par le monde une course vagabonde ;
Séparée de son astre, Phœbé était la proie des hasards ;
Beaucoup d’autres erraient librement à l'aventure,
Mais la plupart trouvaient là un abri désolé.
De vagues images de vie, de ci de là
Gisaient, masses aux saillantes arêtes : tel un cercle morne
De pierres druidiques, sur une lande déserte
Lorsque la froide pluie commence à la tombée du jour
Dans le triste novembre, alors que leur sanctuaire voûté,
Le firmament lui-même, est obscurci par la nuit,
Chacun se tenait sur la réserve, aucun ne se signalait à son voisin
Par un mot, ou un regard, ou un geste désespéré.
Créus en était un ; sa pesante massue de fer
A côté de lui, et un débris de roc fracassé
Témoignait de sa rage, avant d’être abattu et caché.
Iäpetus un autre, étreignait