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POÈMES 317

Eut senti l'éponge pleine de fraîcheur, pressée selon son plaisir
Par les esclaves qui les servaient, sur ses mains et ses pieds,
Et les huiles odorantes avec le cérémonial consacré
Versées sur sa chevelure, tous se dirigèrent vers le festin
En robes blanches, et se placèrent en ordre
Autour des couches soyeuses, se demandant avec étonnement
D’où pouvait venir ce fastueux ruissellement et ce torrent de richesses.


Douce soupira la musique dans la douce atmosphère
Tant que le Grec harmonieux au chant de voyelles
Domina parmi les invités, discourant tout bas
D'abord, car le vin commençait à peine à couler.
Mais lorsque le jus divin émut leurs cerveaux.
Plus haut ils parlèrent et plus haut sonnèrent les accords
Des puissants instruments : — les somptueuses colorations,
L’immensité du hall, la splendeur des draperies,
Le luxe imposant du plafond, l’ivresse du nectar,
La beauté des esclaves, celle de Lamia elle-même, apparurent.
Alors, quand le vin eut exercé son action rosée,
Et que chaque âme se fut libérée de toute entrave humaine.
Tout cessa de paraître étrange ; le vin joyeux, le vin succulent,


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