Page:Keats - Poèmes et Poésies, trad. Gallimard, 1910.djvu/314

Cette page n’a pas encore été corrigée

3l0 POÈMES ET POÉSIES

De votre poitrine sans abri : ah ! cela doit être ainsi ! »
Il répondit, se penchant sur ses yeux ouverts,
Céleste miroir qui reflétait son image en raccourci.
— Planète mienne à la lueur d’argent, du soir et du matin !
Pourquoi vous affirmer ainsi une triste délaissée
Tandis que je m’efforce d’emplir mon cœur
D’un sang plus ardent, et d’une double flamme ?
De fondre, de mêler, de lier
re âme avec la mienne et de vous retenir captive ici
Comme la senteur cachée dans une rose sans boutons ?
Ah ! un tendre baiser !... Vous, apprenez votre extrême infortune.
Mes pensées ! faut-il les dévoiler ? Ecoutez alors !
Tout ce qui est mortel n’a de prix, — et les autres hommes
Languissent et se fatiguent pour l’obtenir —
Que s’il se produit quelquefois, au grand jour, majestueusement
Et s’il triomphe, de même que je serai fier de toi
Au milieu des rauques clameurs poussées par les Corinthiens.
Que mes ennemis suffoquent, que mes amis crient au loin,
Pendant qu’à travers les rues encombrées, notre char nuptial
Fera tourner ses rais éblouissants ! » La joue de la dame
Trembla ; elle ne dit rien, mais, pâle et humble
Se leva pour s’agenouiller devant lui, versa un torrent
De larmes amères à ces paroles ; enfin, douloureusement