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304 POÈMES ET POÉSIES

Mais pleura seule ces jours-là : pourquoi, eu effet, l’adorerait-elle ?
Lycius se réveillait de la mort pour tomber dans l’émerveillement
De la voir encore, et de l’entendre chanter de si douces chansons.
Puis à l’émerveillement succéda la joie
D’entendre si bien chuchoter sa sagesse de femme ;
Et chaque mot qu’elle prononçait lui faisait ressentir
Une joie sans mélange et un plaisir intense.
Que les poètes dans leur folie disent tout ce qui leur plait
Sur les charmes des Fées, des Péris, des Déesses,
Aucune n’est un tel régal, parmi elles toutes,
Qu’elles hantent cavernes, lacs ou chutes d’eaux,
Qu’une femme réelle, qu’elle sorte
Des cailloux de Pyrrha ou de la semence du vieil Adam.
Ainsi la gracieuse Lamia jugea, et eut raison de juger
Que Lycius ne pourrait pas aimer tant qu’il serait à demi intimidé,
De sorte qu’elle rejeta au loin sa divinité, et gagna son cœur
Plus agréablement en jouant son rôle de femme,
Sans plus de pudeur que n’en comportait sa beauté
Qui, même dans le spasme, en sauvegardait une part suffisante.
Lycius fit à tout d’éloquentes répliques,
Mariant chaque mot d’un soupir jumeau ;