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298 POÈMES ET POÉSIES

Pour garantir le bonheur contre les chagrins toujours proches,
Faire la part des moments d’humeur, éloigner
Les points de contact, rapidement échanger
Une intrigue contre un chaos plausible, et séparer
Ses atonies les plus ambigus avec un art sûr ;
Comme si elle avait, à l’école de Cupidon, passé,
Charmant étudiant, de délicieuses journées sans être jamais punie,
Et conservé sa fraîcheur en un paresseux alanguissement.

Pourquoi cette gracieuse créature se décida si paisiblement,
A s’attarder le long de la route, nous allons le voir ;
Mais d’abord il convient de dire comment elle pouvait méditer
Et rêver, alors qu’emprisonnée dans sa l’orme de serpent
Elle embrassait tout, l’étrange et le magnifique :
Comment, toujours, où elle voulait, son esprit volait ;
Soit dans l’Elysée éthéré, soit dans le fond
Des vagues aux crêtes élevées, là où les belles Néréides
Pénètrent dans le berceau de Thétis en gravissant des marches en perles,
Soit où le Dieu Bacchus vide sa divine coupe
Etendu nonchalamment sous un pin résineux ;
Soit dans les jardins du palais de Pluton