Page:Keats - Poèmes et Poésies, trad. Gallimard, 1910.djvu/299

Cette page n’a pas encore été corrigée

POÈMES 295

Pleins de larmes d’adoration et de caresse.
Il fit un pas vers elle ; mais, telle une lune à son déclin,
Elle disparut petit à petit devant lui, s’affaissant ; et sans pouvoir retenir
Ses sanglots angoissées, elle se repliait comme une fleur
Qui rentre en elle-même à l’heure du crépuscule :
Cependant, le Dieu protégeant sa main frissonnante,
Elle sentit sa chaleur, ses paupières se rouvrirent caressantes.
Et comme les fleurs nouvelles au bruissement matinal des abeilles,
Elle s’épanouit, et rendit son parfum à la brise.
Dans la profondeur des vertes frondaisons ils volèrent
Et jamais ne se refroidirent ainsi que font les amoureux mortels.

Laissée à elle-même la forme serpentine commença
A se transformer ; son sang de sylphide follement circula,
Sa bouche écuma, et l’herbe ainsi humectée
Fut flétrie par cette rosée si enivrante et si virulente ;
Ses yeux, rendus fixes par la douleur et une morne angoisse
Brûlants, vitreux, hagards, avec les cils des paupières collés,
Dardaient du phosphore et d’acérées étincelles, sans qu’une larme les rafraîchît.
Les tons de sa peau s’incendièrent le long de son corps ;
Elle se tordit, convulsée en des souffrances écarlates :