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POÈMES 289

 
De ce côté des nuées de Jupiter, pour échapper à la vue
Et aux ordres impérieux de son maître, et s’était réfugié
Dans une forêt sur les rivages de la Crète.
Quelque part en cette île sacrée habitait
Une nymphe devant laquelle s’agenouillaient tous les Satyres aux sabots fourchus ;
Aux pieds blancs de laquelle les langoureux Tritons répandaient
Des perles, tandis qu’à terre ils dépérissaient et l’adoraient.
Tout près de la source où elle aimait à se baigner,
Et dans ces prairies où il était possible que parfois elle errât,
Etaient parsemées de riches offrandes, qu’aucune Muse ne connaissait.
Quoique les écrins fussent ouverts pour que sa fantaisie y fît son choix.
Ah ! quel monde d’amour était à ses pieds !
Ainsi pensait Hermès, et un feu céleste,
L’embrasait de ses talons ailés à ses oreilles.
Qui, d’habitude blanches comme le lis clair,
Prenaient la teinte des roses au milieu de ses cheveux dorés,
Tombant en boucles jalouses sur ses épaules nues.
De vallon en vallon, de taillis en taillis, il volait.
Exhalant sur les fleurs sa passion nouvelle,
Et suivait les sinuosités de maintes rivières jusqu’à leurs sources,