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Elle va mourir d’une mort trop solitaire et incomplète
Puisqu’on lui a dérobé son cher Basilic.

LXII

Lamentablement elle regardait les choses mortes et inanimées,
Réclamant amoureusement son Basilic perdu ;
Et avec les accents mélodieux dans les cordes
De sa voix expirante, maintes fois elle pleurait
Sur le pèlerin à l’âme errante,
Pour lui demander où était son Basilic ; et pourquoi
On le lui cachait « Car c’est cruel », disait-elle,
« De me dépouiller de mon pot de Basilic »

LXIII

C’est ainsi qu’elle dépérit, qu’elle mourut de désespoir,
Implorant pour son Basilic jusqu’au dernier soupir.
Il n’y eut pas un cœur à Florence qui ne prît
En pitié son amour, dont la fin avait été si tragique.
De cette histoire naquit une plaintive ballade
Qui passant de bouche en bouche parcourut tout l’univers :
On en chante encore le refrain : « Quelle cruauté
De me dépouiller de mon pot de Basilic ! »


1818.