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LVII

O laisse le palmier se faner de lui-même ;
Ne permets pas au froid hiver de geler son agonie !
Cela ne peut être — ces riches adorateurs de Babel,
Ses frères, remarquaient la continuelle averse
Qui coulait de ses yeux morts ; et plus d’un curieux lutin,
Parmi ses parents, s’étonnait qu’une telle dot
De jeunesse et de beauté fût dédaignée, étant l’apanage
D’une fille prédestinée à devenir la fiancée d’un seigneur.

LVIII

Bien plus, ses frères s’étonnaient davantage
De la voir languir à côté du Basilic verdoyant,
Et de voir celui-ci s’épanouir, comme par miracle ;
Grandement ils se demandaient ce que cela signifiait :
Ils ne pouvaient sûrement pas croire qu’une chose
De si peu de valeur eût le pouvoir de lui faire oublier
Sa propre jeunesse, et les gais plaisirs,
Et jusqu’au souvenir de l’amour anéanti.

LVIX

Aussi épièrent-ils le moment où ils pourraient pénétrer
Le mystère de ce caprice ; et longtemps ils épièrent en vain ;