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XLIX

Hélas ! à quoi bon toutes ces histoires de vermines ?
Pourquoi s’attarder si longtemps près de cette tombe béante ?
Oh ! pour la grâce d’un Roman d’autrefois,
La plainte ingénue d’un chant de ménestrel !
Aimable lecteur, jette un coup d’œil sur le vieux conte,
Car ici, en vérité, il ne sied pas
De dire : — Oh ! tourne-toi vers le véritable conte[1],
Et goûte le charme de cette pâle vision.

L

D’un stylet plus émoussé que le glaive de Persée
Elles tranchèrent, non la tête d’un monstre informe,
Mais une tête, dont la beauté s’harmonisait merveilleusement
Avec la mort comme avec la vie. Les anciens bardes ont dit :
L'amour ne meurt jamais, mais vit, dieu immortel :
Si l'amour personnifié est jamais mort,
Isabelle l’embrassa et gémit à voix basse.
C'était l'amour ; froid — mort, c'est vrai ; mais toujours dieu.

  1. Le conte trop réaliste.