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Étreignant l’air de ses beaux bras,
Et sur sa couche murmurant tout bas : « Où donc ? Où donc ? »

XXXI

Mais l’égoïsme, cousin de l’Amour, n’imposa pas longtemps
Sa brûlante insomnie en son sein seulement ;
Elle se consuma dans l’attente de l’heure fortunée et compta
Les instants fiévreusement, haletante, sans relâche —
Pas longtemps — car bientôt sur son cœur une infinité
De tourments plus nobles, une douleur plus aiguë
S’abattit tragiquement ; passion insurmontable,
Et cruelle inquiétude pour les voyages de son amant.

XXXII

Au milieu de l’automne, vers le soir,
Le souffle de l’hiver arrive de très loin.
Le vent empoisonné de l’Ouest dépouille sans trêve
Les arbres de leur teinte dorée, siffle la ronde
De mort parmi les buissons et les feuilles,
Il dénude tout avant d’oser s’élancer
Hors de ses cavernes du Nord. De même la douce Isabelle
Par un dépérissement graduel perdit sa beauté,