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Comme les limiers couverts de sueur après l’hallali :
Ils trempèrent leurs épées dans l'eau, et firent galoper sans merci
Leurs chevaux pour rentrer, éperonnant furieusement,
Chacun d’eux plus riche en étant meurtrier.

XXIX

Ils contèrent à leur sœur comment, en soudaine hâte,
Lorenzo s’était embarqué pour des rivages étrangers ;
Cette grande urgence était nécessitée
Par leurs affaires que requéraient des mains fidèles.
Pauvre fille ! revêts ton voile de veuve étouffant,
Et sois libérée sur le champ des maudits liens de l’Espérance ;
Aujourd’hui tu ne le verras plus, ni demain,
Et le jour suivant sera un jour de deuil.

XXX

Elle pleure solitaire sur ses plaisirs perdus ;
Douloureusement elle pleura jusqu’à la venue de la nuit,
Puis alors, au lieu d’amour, o misère !
Elle médita solitaire sur la volupté :
Il lui semblait voir son image dans l’obscurité,
Elle répondait au silence par un doux gémissement,