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Que lui, le serviteur chargé de leurs affaires,
Fût l’heureux possesseur de l’amour de leur sœur,
Quand leur dessein était de la mener peu à peu
A quelque haut seigneur et ses bois d’oliviers.

XXII

Et ils tinrent plus d’un conciliabule jaloux,
Et plus d’une fois à part se mordirent les lèvres,
Avant d’avoir arrêté l’expédient le plus sûr
Pour faire expier son crime au jeune amoureux ;
A la fin, ces deux hommes pétris de cruauté
Tranchèrent la Pitié d’une entaille profonde jusqu’à l’os :
Car ils résolurent, dans quelque obscure forêt
De tuer Lorenzo, et de l’y enterrer.

XXIII

Ainsi, par une riante matinée, comme il se penchait
Au lever du soleil, par dessus la balustrade
De la terrasse du jardin, vers lui ils dirigèrent
Leurs pas à travers la rosée ; et lui dirent :
« Vous semblez heureux et satisfait ici,
Lorenzo, et nous sommes désolés de troubler
Votre paisible méditation ; mais si vous êtes sage,
Enfourchez votre coursier pendant qu’il fait encore frais.