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De très près ils se réunirent chaque soir, avant que le crépuscule
Eût devant les étoiles, enlevé son voile complaisant,
Secrètement dans un berceau d’hyacinthe et de musc,
Inconnu de tous, à l’abri des bavardages.
Ah ! Plût au ciel qu’il en eût toujours été ainsi,
Et que des oreilles oisives n’aient pas trouvé plaisir à leurs infortunes.

XII

Furent-ils malheureux alors ? — Cela ne peut être —
Trop de larmes ont été versées sur les amants,
Trop de soupirs furent poussés en leur faveur,
Trop de pitié leur fut accordée après leur mort,
Trop d’histoires douloureuses lisons-nous
Dont le thème serait mieux traduit en or resplendissant ;
Excepté dans la page sublime où l’épouse de Thésée
Sur les vagues sans traces[1] se pencha pour le voir.

XIII

Mais, soyons juste envers l’amour.
Un peu de bonheur fait oublier beaucoup de tristesse ;
Didon resta silencieuse sous son bosquet,
La détresse d’Isabelle fut extrême,

  1. Où les pas ne laissent pas de traces.