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IX

« Amour ! tu me délivres de l’hiver glacial,
Jeune fille ! tu me mènes vers la chaleur de l’été,
Il me faut donc goûter la floraison qui s’épanouit
Dans la chaude maturité de ce gracieux matin. »
Il dit, et ses lèvres timides tout à l’heure, s’enhardirent,
Un baiser chanta poétiquement, humide de rosée :
Une grande béatitude, une extase s’éleva en eux,
Telle une fleur de volupté sous la caresse de Juin.

X

En se quittant, ils semblaient marcher dans les airs,
Roses jumelles momentanément séparées par le zéphir
Pour se retrouver plus unies et partager
Le ravissement parfumé de leur deux cœurs.
Elle, rentrée dans sa chambre entonna un hymne
A la gloire du délicieux amour et de sa flèche aussi douce que le miel ;
Lui, allègrement gravit la colline vers le couchant,
Et salua le soleil d’un adieu, le cœur comblé de joie.

XI

De très près il se réunirent encore avant que le crépuscule
Eût, devant les étoiles, enlevé son voile complaisant,