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Et les baisers de la musique font résonner les libres vents
Lorsqu'avec une touche amoureuse ils détachent
La harpe Eolienne de son écaille transparente :
Alors de vieilles chansons s’éveillent hors des sépulcres entr’ouverts ;
De vieilles ballades soupirent au-dessus de la tombe de l’aïeul ;
Des fantômes de mélodieuses prophéties délirent
Autour de chaque empreinte qu’a laissée le pied d’Apollon ;
La fanfare des clairons s’éveille, puis mollement s’éteint
Là où longtemps auparavant s’était livrée une bataille géante ;
Et, de la terre, s’exhale une berceuse
A chaque place où le jeune Orphée dormait.
Ressentons-nous ces choses ? — en ce moment nous sommes entrés
Dans une sorte d’unité, et notre état
Est celui d’esprits qui flottent. Mais il y a
Des enchevêtrements plus compliqués, des entraves
S’entredétruisant bien davantage, et conduisant, par degrés
A la plus extrême intensité : leur couronne
Est tressée d’amour et d’amitié, et siège haut
Sur le front de l’humanité.
Sa valeur la plus pesante et la plus volumineuse
Est l’amitié d’où émane sans cesse
Une splendeur persistante ; mais au sommet,
Est suspendue, par d’invisibles fils, une sphère