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Gardent l’été leur fraîcheur ; l’essaim des papillons
Ses ailes tachetées ; que les tendres bourgeons du printemps
S’épanouissent. — Parais à notre prière !
Par la brise qui, sur les monts, incline les sapins,
O divin forestier !

« Vers toi, les faunes et les Satyres accourent
Pour te servir ; soit qu’ils surprennent
En leurs gîtes les lièvres à moitié assoupis ;
Soit qu’ils franchissent des précipices escarpés
Pour arracher les malheureux agneaux à la serre des aigles ;
Ou que par un charme mystérieux ils fassent retrouver
Aux bergers égarés le chemin du logis ;
Qu’ils s’ébattent à perdre haleine sur les rivages écumants
Et choisissent les coquillages aux formes bizarres
Pour que tu puisses les lancer dans les ondes des Naïades,
Puis, de ta cachette, t’en moquer lorsqu'elles montrent la tête ;
Soit qu’ils t’égayent de leurs cabrioles fantasques
Pendant qu’ils se jettent réciproquement à la tête
Les glands argentés, et les pommes de pins roussâtres —
Par tous les échos qui vibrent autour de toi,
Entends-nous, ô Faune Roi !

« O toi, qui écoutes le bruit clair des ciseaux,
Tandis que, par intervalles vers ses compagnons tondus