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Le désordre de leurs tresses dans les taillis épais des coudriers ;
Toi qui t’assieds pendant des heures solennelles, pour écouter
La plaintive mélodie des roseaux courbés par le vent —
Dans les sites désolés, où une chaude moiteur donne
Aux sapins siffleurs une étrange croissance ;
Tu songes alors quelle mélancolie pesa sur toi
Lorsque tu perdis la belle Syrinx — entends-nous aujourd'hui,
Par le front de ta nymphe au teint de lait !
Par tous les dédales de sa fuite éperdue,
Entends-nous, ô divin Pan !

« O toi ! Dieu de la douce quiétude, pour qui les tourterelles
Soupirent leurs duos passionnés parmi les myrtes,
Tandis qu’à la tombée du jour tu erres
Par les prés ensoleillés qui bordent la lisière
De ton domaine moussu : o toi, à qui
Les figuiers aux larges feuilles ont dès maintenant prédestiné
Leur récolte mûrissante ; les abeilles ceinturées d’or
Leur miel blond ; les prés de nos campagnes
Les plus somptueuses fleurs de fèves et les coquelicots des blés ;
C'est pour toi que la linotte élève sa couvée
Et lui enseigne le chant ; que les fraises aux tiges rampantes