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Sa voix jusqu'aux nuages, un char finement sculpté
Et roulant si mollement qu’à peine entravait-il
La liberté de trois coursiers tachetés de brun :
Celui qui les conduit semble jouir d’un grand renom
Parmi la multitude. Sa jeunesse est en plein épanouissement,
Tel Ganyraède ayant atteint l'âge viril ;
Et pour ces temps primitifs, son costume était
Celui d’un chef : sur sa poitrine, à demi-nue,
Etait pendu un cor d’argent, et entre
Ses genoux nerveux il maintenait un épieu acéré.
Un sourire animait son visage ; il semblait,
Pour le commun des mortels, rêver
Du repos divin dans les champs Elyséens :
Mais de plus avisés pouvaient discerner
Un trouble secret au frémissement de sa lèvre inférieure,
Et remarquer que parfois les rênes glissaient
De ses mains oublieuses ; alors ils auraient soupiré
En songeant aux feuilles jaunies, au cri du hibou
Et aux bûches entassées pour le sacrifice. Hélas !
O notre Endymion, pourquoi ta jeunesse dépérit-elle ?

Bientôt l'assemblée, en cercle rangée,
Demeurait silencieuse autour de l’autel : le regard de
chacun
Exprima soudain la vénération : les tendres mères
Firent taire leurs enfants ; tandis que les joues
Rosées des vierges pâlirent légèrement de peur.
Endymion aussi, sans égal dans la forêt,