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Ou tels ceux qui s’asseyaient autour du pipeau d’Apollon
Lorsque ce grand Dieu, sur la terre chargée de moissons,
Oubliant sa divinité, épanchait son âme
En musique, à travers les vallées Thessaliennes :
Les uns traînaient indolemment leurs houlettes sur le gazon,
Et d’autres tiraient des sons perçants ou veloutés
De leurs flûtes d’ébène : immédiatement après eux
Sortant des profondeurs de la forêt,
Un vénérable prêtre suffisamment replet
Attirait les regards par sa solennité : ses yeux sans cesse
Demeuraient attachés sur l’herbe du sol,
Que derrière lui courbait la traîne de sa robe sacrée.
Dans sa main droite se balançait un vase, d’un ton laiteux,
Rempli de vin mélangé, lançant de généreuses lueurs :
Et de sa gauche il tenait un panier plein
De toutes les herbes parfumées que le regard peut découvrir :
Le thym sauvage, le muguet plus blanc encore
Que l’amant de Léda, et le cresson du ruisseau.
Sa tête blanchie, ornée d’une guirlande de hêtre.
Semblait un dôme de lierre enserré
Par le froid hivernal. Puis venait une autre troupe
De bergers qui faisaient retentir alternativement
Les couplets de la chanson. Après eux apparut,
Suivi par la foule qui élevait