Page:Keats - Poèmes et Poésies, trad. Gallimard, 1910.djvu/212

Cette page n’a pas encore été corrigée

De marguerites, la veille au soir, la pelouse sacrée
Ainsi parée pour recevoir solennellement la lumière de l'aube.
Car c’était le matin : du haut du ciel le feu d’Apollon
Transformait chaque nuage de l’Orient en bûcher argenté
D'un éclat si transparent que, là ,
Une âme mélancolique aurait pu gagner
L’oubli, et dissoudre sa fine essence
Dans le vent ; la senteur humide de l’églantine
Tempérait l’ardeur de ce soleil si caressant ;
L'alouette était perdue en lui ; les froides sources couraient
Chauffer sur le gazon leurs bouillonnements glacés ;
Des voix d’hommes vibraient sur les montagnes ; enfin
Décuplées étaient les pulsations de la masse vivante de la nature et de ses merveilles
A sentir ce lever de soleil et ses gloires antiques.

[Arrive le cortège des bergers qui célèbrent la fête de Pan].

En avant dansaient de jeunes vierges montrant le chemin,
Répétant les refrains des chansons pastorales ;
Chacune avait au front une couronne de rameaux
De la couleur tendre d’Avril : tout près, en ordre,
Une troupe de bergers, la figure brunie
Tels qu’on les voit dans les récits d’Arcadie ;