Page:Keats - Poèmes et Poésies, trad. Gallimard, 1910.djvu/210

Cette page n’a pas encore été corrigée

Soient cachées sous l’épaisseur de l’herbe. Avant aussi que les abeilles
Bourdonnent autour des trèfles globulaires et des pois de senteur,
Je devrai avoir conté la moitié de mon récit.
Oh ! puisse aucune saison d’hiver, chenue et dépouillée.
Ne la trouver à demi-terminée : mais que le fier Automne
Qui teinte d’or mat la nature entière
Soit l’époque où j’écrirai la fin.
Et maintenant, d’un cœur aventureux, je fais voler
Ma pensée en héraut à travers le désert :
Que les trompettes sonnent, qu’aussitôt
Ma route incertaine se pare de verdure, pour que je puisse rapidement
Avancer sans encombre, foulant fleurs et ronces !

Sur les flancs du Latmos s’étendait
Une puissante forêt, tant la terre humide nourrissait
Plantureusement les racines cachées et les transformait
En branches retombantes et en fruits précieux.
Là se trouvaient d’épais ombrages séquestrés dans les profondeurs
Où jamais l’homme ne pénétrait ; et si hors de la garde du berger
Un agneau s’égarait au loin dans les bas-fonds de ces gorges retirées,
Jamais plus il ne revoyait les parcs hospitaliers
Dans lesquels ses frères, bêlant de contentement,