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202 POÈMES ET POÉSIES

   
Alfred-le-Grand aussi, les yeux inquiets, pleins de pitié,
Comme s’il écoutait éternellement les soupirs
Du monde affolé ; et Kociusko torturé
D’horribles souffrances — terriblement désolé.

Pétrarque, émergeant de l’ombre verdoyante
Tressaille à la vue de Laure sans pouvoir détacher
Ses yeux du visage aimé. Heureux sont-ils !
Car au-dessus d’eux on distinguait un libre déploiement
D’ailes étendues entre lesquelles brillait
La figure de la Poésie : du haut de son trône
Elle regardait des choses que je pourrais à peine citer.
Le véritable sens de l’état dans lequel je me trouvais pourrait bien
Tenir le Sommeil éloigné ; mais en plus vinrent alors
Pensées sur pensées qui nourrirent la flamme
Dans mon sein, de sorte que la lumière matinale
Me surprit justement après une nuit d’insomnie ;
Et je me levai réconforté, satisfait, gai,
Résolu de commencer ce jour même
Ces lignes ; et de quelque façon quelles soient venues,
Je les laisse comme fait un père pour son fils.

1819.