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POÈMES 201

   
A un Avenir serein sa renommée chérie !
Alors il y avait des faunes et des satyres s’efforçant
D’atteindre des pommes gonflées, avec des bonds joyeux
Et des doigts avides, parmi les touffes succulentes
Des feuilles de vigne. Là s’élevait à la vue un temple
De marbre veiné, vers lequel une troupe
De nymphes s’avançait noblement sur le gazon :
L’une, la plus séduisante, étend sa main droite
Vers l’éblouissant lever du soleil ; deux sœurs adorables
Inclinent leurs gracieuses figures jusqu’à se rencontrer
Au-dessus des gambades d’un petit enfant ;
D’autres écartent curieusement l’agreste
Et pénétrante liquidité du chalumeau trempé de buée.
Regardez ! voici un autre tableau : des Nymphes essuient
Avec soin les membres rosés de Diane ;
La bordure d’un pré pareil à un manteau de verdure s’avance dans l’eau
Et s’y baigne ; elle suit mollement le mouvement
De l’onde cristalline qui la supporte. De même l’océan
Soulève en un lent gonflement sa large surface par dessus
Les grèves rocheuses, et balance chaque fois
Les dociles broussailles, qui sans être détruites par l’écume
Ressentent toute la puissance des vagues, leur demeure.

La pensive tète de Sapho était là souriante à demi
Sans cause ; comme si justement le sérieux froncement
Causé par la réflexion avait en ce moment quitté
Son front et l’avait laissée seule.