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200 POÈMES ET POÉSIES

   
Et avec ces mélodies apparurent des formes d'élégance,
Epaules inclinées sur un cheval fringant,
Insouciantes, élancées — doigts délicats et potelés
Partageant de luxuriantes boucles ; et le prompt élan
De Bacchus hors de son char, lorsque ses yeux
Firent rougir les joues d’Ariadne.
C’est ainsi que je me rappelle tout le plaisant enivrement
Des mots en ouvrant un portefeuille.

Des signes semblables sont toujours précurseurs
D’une suite d’images pacifiques : les mouvements
D’un cou de cygne entrevu parmi les joncs ;
Une linotte tressaillant au milieu des buissons ;
Un papillon, les ailes dorées grandes ouvertes,
Niché sur une rose, convulsé comme s’il souffrait
D’un excès de plaisir beaucoup, beaucoup plus,
Pourrais-je me complaire à étaler tout mon stock
De jouissances : mais je ne dois pas oublier
Le sommeil, calme avec sa couronne de pavots :
Car ce qu’il peut y avoir de valeur dans ces rimes
Je le lui dois en partie ; ainsi les accents
Des voix amicales avaient juste cédé la place
A un si doux silence, lorsque je commençai à décrire
Le charme de la journée, à l’aise sur un divan.
C’était la demeure d’un poète qui conserve la clé
Du temple du plaisir. Tout autour étaient appendus
Les glorieux traits des bardes qui chantèrent
Dans les autres âges — bustes austères et sacrés
Se souriant l’un à l’autre. Heureux qui confie