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POÈMES 197

   
Rien de plus cruel que le regard placide
D’un lecteur penché sur un livre fermé,
Rien de plus agité que les pentes herbeuses
Entre deux collines. Salut au délicieux espoir !
Comme elle en avait l’habitude, l’imagination
Se sera égarée dans les plus charmants labyrinthes,
Et ils seront proclamés poètes rois
Ceux qui simplement disent les choses les plus touchantes pour le cœur,
O que ces joies soient mûres avant que je meure !

Ne dira-t-on pas que j’ai présomptueusement
Parlé ? que devant une disgrâce précipitée
Il eut été bien préférable de voiler ma face insensée ?
Qu'une enfance geignarde devrait s’incliner respectueusement
Plutôt que la redoutable foudre ne l’atteigne ? Comment !
Si je me cache, ce sera sûrement
Dans le temple même, la lumière de la Poésie :
Si je succombe, au moins je serai porté
Sous l’ombre silencieuse d’un peuplier
Et sur moi l’herbe tendre sera tondue ;
Et là on sculptera une image aimable de moi.
Cependant, arrière ! Découragement ! misérable fléau !
Ils ne devraient pas te connaître ceux qui dans leur soif d’atteindre
Un noble but, ont soif à chaque heure.
Quoique je ne sois pas riche des dons
D'une sagesse bien ample ; quoique je ne connaisse pas