Page:Keats - Poèmes et Poésies, trad. Gallimard, 1910.djvu/198

Cette page n’a pas encore été corrigée

194 POÈMES ET POÉSIES

   
Jusqu’à ce que, semblables à certaines baguettes de l'esprit de Jacob,
Leurs vers se fussent taillés. Aisée était la tâche :
Un millier d’artisans portaient le masque
De poètes. Race déshéritée ! Race impie !
Qui blasphémait le brillant lyrique
Et qui ne s’en apercevait pas, — non, ils marchaient
Brandissant un misérable étendard décrépit
Sur lequel étaient inscrites les plus falotes devises et en grands caractères
Le nom d’un certain Boileau !

                                             O vous dont l’office
Est de planer au-dessus de nos plaisantes collines !
Dont la majestueuse réunion comble tellement
Mon humble* vénération que je n’ose inscrire
Vos noms consacrés à cette place profane,
Si près de cette vile populace : leurs hontes
Ne vous ont-elles pas épouvantés ? Les lamentations de notre vieille Tamise
Vous ont-elles enchantés ? Ne vous êtes-vous jamais groupés
Sur les bords du délicieux Avon, en répandant de lugubres
Larmes ? Ou avez-vous complètement dit adieu
Aux contrées où plus jamais n’a crû le laurier ?
Ou demeuriez-vous pour souhaiter la bienvenue


  • Littéralement : limitée, bornée.