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POÈMES 193

   
Vaste comme une planète et comme elle virant
Eternellement au milieu d’un vide vertigineux ?
Ah ! dans ces jours les Muses étaient ardemment caressées
Et honorées ; il n’y avait alors pas d’autre souci
Que de chanter et de lisser leurs onduleuses chevelures.
Serait-il possible d’oublier tout cela ? Oui, un schisme
Entretenu par la frivolité et la barbarie
Fut cause que le grand Apollon rougit pour son pays.
Ceux-là étaient considérés comme sages qui étaient incapables de comprendre
Ses gloires ; avec la faiblesse d’un enfant piailleur
Ils se balancèrent sur un cheval à bascule
Croyant enfourcher Pégase. O âmes impitoyables
Les vents du ciel soufflaient, l’Océan roulait
Ses vagues rassemblées en un élan — vous ne l’avez pa» senti. L’azur
Découvrait son sein éternel, et la rosée
Des nuits d’été se condensait toujours pour rendre
Le matin précieux : c’était l’éveil de la beauté !
Pourquoi, vous, n’étiez-vous pas éveillées ? Mais vous, étiez mortes
Aux choses que vous ne connaissiez pas, — vous étiez étroitement
Liées à des lois surannées que nous imposaient de pitoyables règles
Et de mesquines limitations ; de sorte que vous appreniez à une troupe
De butors à polir, à marqueter , à rogner, à ajuster.