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POÈMES 191

   
Tout frangés de l’argent réflété par les yeux brillants du soleil.
Ils glissent de plus en plus bas en vaste tourbillon ;
Et maintenant je les aperçois sur les flancs d’une verte colline
Dans un bienfaisant repos, parmi les tiges inclinées.
Le conducteur, avec de merveilleux gestes, s’adresse
Aux arbres et aux montagnes ; là bientôt apparaissent
Des formes de joie, de mystère, de crainte
Qui passent devant l’ombre
Projetée par de puissants chênes ; comme si elles poursuivaient
Quelque mélodie sans cesse fuyante, ainsi elles balaient l’air.
lo ! comme elles murmurent, rient, sourient et pleurent :
Les unes, la main levée et la bouche sévère ;
D’autres, la figure couverte jusqu’aux oreilles
Par leurs bras croisés ; les unes épanouies en jeune floraison
Vont allègres et souriantes à travers le sombre espace.
D’autres regardent derrière, d’autres au-dessus d’elles ;
Oui, des milliers, de mille façons différentes
Volent en avant — tantôt c’est un gracieux feston de jeunes filles
Qui dansent les cheveux luisants, les boucles emmêlées ;
Tantôt ce sont de larges ailes. Très ému et très attentif
Celui qui dirige ses coursiers est penché en avant
Et semble écouter : Oh ! puissé-je savoir